À mi-chemin entre les domaines de la gestion de l’innovation sociale et des politiques culturelles, le présent cas illustre le processus d’hybridation entre une idée européenne implantée en Espagne dans un contexte très particulier et son application à la réalité de la société colombienne. D’après un modèle d’Escuelas Taller (écoles-ateliers) né en Espagne à la fin du franquisme, des Escuelas Taller vont s’implanter dans plusieurs villes de Colombie dans les années 1990 sous l’impulsion de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID). La création de la FETB en 2005 est centrée sur trois objectifs : 1) un projet de formation à l’intention d’une population jeune et vulnérable; 2) la récupération et la revalorisation de traditions culturelles et artistiques via la légitimation des métiers d’artisanat; et 3) la protection et la restauration du patrimoine matériel et immatériel de la ville. Le cas se concentre sur la description de l’historique des évènements qui ont structuré cette organisation hybride pour la rendre viable et efficace. Cette organisation, dont le défi majeur consiste à préserver sa mission principale tout en maintenant son équilibre financier, est ici analysée sous deux angles : la FETB comme produit d’une politique culturelle et sa dépendance à ses ressources externes (AECID en Espagne, ministère de la Culture en Colombie); et la FETB comme exemple d’innovation sociale et son obligation à générer ses propres revenus par la création de biens et de services. Un retour historique pour comprendre les caractéristiques locales propres aux dynamiques sociales, économiques et politiques de la Colombie est proposé au début du cas, ainsi qu’en trame de fond.