Benamor et la conserve de tomates en Algérie : dynamique entrepreneuriale et développement agricole et rural
L’entreprise Benamor naît en 1984 d’une petite unité de transformation de concentré de tomates située à Bouati, au nord-est de l’Algérie. En moins de vingt ans, l’entreprise est devenue un producteur respectable, dont la qualité des produits est vantée par les consommateurs. Grâce à un dynamisme industriel qui ne se dément pas, Benamor espère devenir un leader régional, puis concurrencer les plus importants acteurs européens. À la fin de 2002, le groupe détient environ 36 % du marché algérien des conserves de tomates. Son chiffre d’affaires est d’environ 70 millions d’euros. Benamor touche directement au secteur le plus sensible en Algérie, l’agriculture. En effet, l’agriculture a subi une déstructuration profonde pendant la période socialiste, si bien que les paysans se sont démobilisés. L’attirance de la ville dépeuple les campagnes et décourage les jeunes agriculteurs. Dans leur désir de croissance, les cinq frères Benamor ont vite rencontré un obstacle des plus importants : un approvisionnement en tomates de plus en plus difficile à assurer. Leurs usines de grandes capacités et ultramodernes ne fonctionnent qu’à 50 % de leur potentiel, et l’importation de triple et double concentré de tomates de Chine et de Tunisie couvre environ 40 % de leur production de conserves de tomates. Laïd Benamor, directeur général aux valeurs de responsabilité sociale fortes, envisage une croissance organisationnelle arrimée à un développement économique local et national. Malgré leur bonne volonté, les agriculteurs de la région sont incapables de produire plus de tomates en raison du manque d’eau et d’autres facteurs techniques et institutionnels. Convaincue qu’il existe une solution à cet enjeu, la haute direction décide d’agir sur l’amont de la production en aidant et en accompagnant les agriculteurs dans la production des plants et dans l’apprentissage des techniques modernes de culture. Pour cela, Laïd Benamor embauche un ingénieur agronome algérien, Messaoud Chebbah, réputé pour avoir d’excellents rendements dans la culture de la tomate.