Katharine Graham et le Washington Post
Mère de famille et épouse exemplaire de Philip Graham, éditeur en titre du journal The Washington Post, Katharine Graham était la fille d’un riche financier et d’une ancienne journaliste devenue mécène. Au suicide de son mari, survenu en 1963, elle décide de le remplacer à la tête du journal ayant appartenu autrefois à son père. Contre toute attente, elle se révèle une gestionnaire efficace et une éditrice sans peur et sans reproche face à un gouvernement dont ses journalistes avaient osé mettre à jour les abus. Sous sa gouverne, la révélation de deux scandales bousculera le monde de l’édition et celui de la politique : les Papiers du Pentagone et l’affaire Watergate. Katharine Graham fera ensuite l’histoire dans les milieux d’affaires par son affrontement victorieux contre les puissants syndicats des pressiers qu’elle mettra au pas de la modernisation des techniques d’impression, assortie d’une gestion ouverte des ressources humaines.
Par sa nature même, ce cas se prête merveilleusement bien à une réflexion en profondeur sur le leadership, et plus particulièrement sur celui exercé par une femme dans un milieu, à l’époque, majoritairement masculin. Dans une perspective plus large, et au-delà du genre (entendu au sens académique de caractéristique sexuelle), il illustre comment un dirigeant, homme ou femme, peut se servir de crises ou de ruptures comme autant d’occasions d’introspection fertile, de changement pour lui-même ou elle-même en tant que personne, et de renouvellement et d’enrichissement de son leadership dans une entreprise qui constitue souvent, pour le meilleur et pour le pire, un prolongement de son principal dirigeant.